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17 juillet 2016

En route vers le Pamir

De Douchanbé à Khorog: 525 kilomètres.

Petite parenthèse. Encore un pays qui nous surprend beaucoup par certaines pratiques, les photos du président sont placardées de partout, cet homme est vraiment imbu de sa personne, on le voit dans toutes les situations. Egalement beaucoup de points de contrôle, dans certains il faut s'arrêter et montrer patte blanche, dans d'autres, les autorités lèvent à peine la tête et nous laissent passer. Dans l'un d'eux, le policier en faction nous fait signe de stopper et de lui présenter nos passeports. Alors que nous entrons dans le bureau, arrive un 4X4 Tadjik, alors que nos passeports sont entre ses mains, il les déposent pour prendre en priorité celui du dernier venu. Pris de colère, je récupère nos documents et m'enfuis sans demander mon reste, il a beau nous gueuler dessus, nous passons la barrière et continuons notre route sans nous retourner comme si de rien n'était, on va apprendre à ce goujat d'agir avec droiture! 
Reprenons le cours de notre voyage.
Nous quittons cette famille qui nous a si gentiment accueillie durant notre séjour dans la capitale. Dès la sortie de la ville, la route s'élève pour passer un premier col à 1800 mètres d'altitude puis redescendre dans une vallée où nous passons la nuit après un poste de contrôle. Nous évoluons sur la M41, ce grand axe qui traverse tout le pays, qui passe par le Pamir, pour ensuite entrer au Kirghizistan, le prochain pays. Si les 80 premiers kilomètres sont asphaltés, ce n'est plus le cas pour les jours suivants. Nous évoluons à présent sur de la piste plus ou moins défoncée, et mangeons de la poussière à chaque passage de véhicule.    







Malgré la difficulté à avancer sur cette piste, les paysages sont magnifiques. Deux grosses journées nous attendent, il nous faut passer notre premier grand col. Ce fut trop beau, mon genou me fait de plus en plus souffrir, obligé de me doper d'antalgiques pour atténuer la douleur. 



De nombreux passages à gué, cela à pour effet de rafraîchir les pieds.






Cela ne va pas s'arranger dans les jours à venir. Pour grimper notre premier grand col, c'est avec souffrance, malgré une volonté et beaucoup de courage que j'arrive en haut après deux jours d'efforts. A plusieurs reprise, je suis obligé de marcher en poussant Passpartou car ce satané genou me fait énormément mal. 



Vers le milieu de l'ascension, alors qu'il commence à pleuvoir, Un jeune homme nous invite à boire le thé dans un hameau. Nous sommes accueillis par cette famille Tadjik qui nous offre l'hospitalité. Nous passons la nuit au sec alors qu'il pleut dehors. Les femmes de cette famille ont une vie très rude, elles travaillent du matin au soir. Elles nous montrent leurs mains crevassées, avec beaucoup de bonté, Nicole leur donne un tube de pommade hydratante et cicatrisante ainsi que de la crème Nivéa en notre possession, leurs visages rayonnent de joie après ce présent, elles en font part à tout l'entourage. 



Elles préparent et confectionnent à la main des mottes avec de bouse de vache qu'elles laissent sécher ensuite. Ces mottes servirons de combustible pour se chauffer durant le rude hiver. 

A 2500 mètres d’altitude, le petit hameau.



Des enfants Tadjik, ceux-ci sont sages, car il nous est arrivé d'être caillassés par des gamins en mal de jeux, ou de trouver sur notre route des bandes de jeunes pour nous empêcher de passer. Petite anecdote: arrêté dans un village, j’aperçois un gamin à califourchon sur un âne lui assénant des coups de bâtons sans raison. J'interviens pour faire cesser le calvaire de ce pauvre animal, le gamin me rit au nez et se met littéralement à rosser la bête de plus belle. Exaspéré, je lâche Passpartou, le sale gosse saute de l'âne et s'enfuit en m'insultant. Combien de fois avons nous été témoin de ce genre de scène.


Fleur de montagne

Ce bel oiseau pris sur le vif


Après avoir basculé au col, s'en suit une longue et sinueuse descente sur de la piste pourrie, jusqu'à Kalaikhum, enfin nous trouvons à nous restaurer et passons la nuit dans une guest house. 
Le lendemain matin, alors que le genou continue à me faire souffrir, et pour l'épargner pour les jours à venir, nous décidons de parcourir les 240 kilomètres nous séparant de Khorog en prenant un taxi 4X4 avec un autre touriste Suisse.



De Kalaikhum jusqu'à Khorog, nous passons par une vallée encaissée, en remontant le torrent Panj. Sur la rive droite l’Afghanistan, le torrent faisant une frontière naturelle entre les deux pays.


Village Afghan.

Toujours sur la droite de la photo, l'Afghanistan séparé par le Panj, et cette vallée très minérale.

Le Badakhsan, une région d’Afghanistan.


Malgré le parcours chaotique, chahuté de gauche à droite dans le véhicule, j'arrive quand même à prendre quelques photos de ces beaux paysages.
Après plus de 6 heures assis dans la voiture, nous arrivons à Khorog, c'est la dernière ville avant de monter au Pamir. 
Le Pamir est une destination très prisée par les cyclos-voyageurs, et c'est à ce titre un de notre grand objectif de cette année vélo, mais cela parait compromis à cause de mon genou, on ne vous fait pas part de notre désillusion. Pour mettre tous les atouts de notre coté et enfin espérer continuer malgré tout, nous nous octroyons deux jours de repos à Pamir Lodge, une guest house, là, nous y retrouvons beaucoup de cyclo-voyageurs arrêtés ici, certains descendent du Pamir et d'autres comme nous y vont.

10 juillet 2016

Le Tadjikistan

Après un passage houleux à la douane Ouzbek, nous passons celle du Tadjikistan sans aucune fouille ni encombre, cela nous a pris 5 minutes.

Présentation du pays:
Le Tadjikistan est un des autres pays d'Asie Centrale. Il partage ses frontières avec le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Chine et l'Afghanistan. C'est un pays très accidenté dont 93% de sa superficie est recouverte de montagnes. Il possède en outre plusieurs des plus hautes montagnes du monde, dont le Pamir que nous allons gravir dans quelques jours. Au programme, plusieurs cols à plus de 4000 mètres d'altitude, ce sera notre première découverte de la haute montagne lors de notre périple.
Ancien état de l'ex URSS, il est devenu indépendant en 1991. Il compte 8 millions d'habitants, sa capitale est Douchanbé, et sa monnaie le Somoni, environ 8,8 somoni pour un euro.
Première constatation, le revêtement de la chaussée est en parfait état comparé à celui du pays précédent. Attention aux automobilistes, aucune pitié pour nous petits cyclos, c'est le plus fort qui passe, nous voilà prévenus.
Nous ferons une petite étape et n'arriverons pas à la capitale aujourd'hui comme souhaité, Douchanbé étant située à 66 kilomètres de la frontière, et pour cause, la nuit passée, Nicole s'est entièrement vidée, encore un souci alimentaire, affaiblie, pas de force pour aller plus loin, nous faisons donc une toute petite étape.


L'endroit est parfait pour permettre à Nicole de récupérer, elle a dormi une bonne partie de la journée, à l'ombre.

A l'entrée de Douchanbé


La capitale est assez moderne, hormis les connexions internet, gros soucis avec la wifi, très faible partout.
Sur les recommandations d'amis cyclos, nous trouvons facilement le bureau de l'OVIR car il nous faut une autorisation spéciale pour aller au Pamir, région autonome du Tadjikistan. Un passage par la banque pour nous acquitter du montant réclamé, et nous pouvons récupérer le précieux sésame l'après midi à 16 heures. 

A gauche, Rajabali, à sa droite, sa cousine Zaynoura, la prof de Français.

Nous vadrouillons dans la ville jusqu'à ce qu'une jeune femme accompagnée d'une autre nous interpelle. Vous êtes Français, comme je suis heureuse de vous rencontrer, j'ai appris votre langue et je l'enseigne à présent à la Fac. Alors que nous discutons tous les quatre sur le trottoir, arrive une dame qui nous demande si nous sommes Russes. Elle s'invite dans la conversation, Zaynoura nous servant d’interprète. S'en suit une histoire incroyable. Prise d'attendrissement et émerveillée par notre aventure, elle se propose de nous inviter au restaurant, nous refusons. Au bout d'un moment Mavlouda nous raconte les larmes aux yeux qu'elle a perdu son fils unique et qu'elle souhaite nous venir en aide. Elle nous prie tous les quatre d'aller nous asseoir sur un banc dans un parc proche, et de l'attendre un peu. Quelques temps plus tard, elle réapparaît les bras chargés d'une pizza, de quatre hamburgers, de 4 bouteilles de coca cola et d'une bouteille d'eau. Le repas engloutit, Zaynoura et sa cousine nous proposent d'aller chez elle, nous répondons par la négative car nous devons retourner à l'OVIR récupérer notre autorisation. Mavlouda intervient et nous invite de les suivre, elle vient également avec nous et elle nous appellera un taxi pour y aller; finalement nous partons à travers la ville, tous les cinq, chez les parents de Zaynoura. A l'heure convenue, le taxi nous attend devant la maison, et à notre grande surprise il est déjà payé. Nous ne savons comment remercier cette généreuse dame.
Première invitation, dans ce nouveau pays,à Douchanbé la capitale, encore une rencontre et un accueil que nous ne sommes pas près d'oublier, auprès de cette famille. Le lendemain, alors que nous voulons partir, ils nous disent de rester car il est prévu un plov (plat national) ce soir, spécialement cuisiné pour nous, en présence de la bienfaitrice Mavlouda. C'est ainsi que nous restons trois jours dans cette famille.



La famille réunie, autour du père de Zaynaura (au centre de la photo), qui est journaliste, et l'agréable et gracieuse présence de Mavlouda (la dame à droite).
Regonflés à bloc, lundi 11 nous quitterons Douchanbé et reprendrons la route en direction les hauts sommets du pays.
Soyez patients, car les connexions se feront rares, dès que possible nous vous raconterons la suite de notre aventure.
A très bientôt.

8 juillet 2016

L'accueil Ouzbek

De Bukhara à Dushanbé: 665 kilomètres.

Enfin une connexion! Internet et la wifi sont pratiquement inexistants dans le pays hormis les grandes villes, ce qui explique ce long silence.




A notre grande surprise, après Boukhara nous retrouvons plus de cent kilomètres de désert sous un soleil de plomb, plus de 50°.


Si ce pays est en grande partie recouvert de désert, lors de notre passage dans les villages nous sommes énormément sollicités par la population. C'est incroyable, le nombre de fois que nous sommes interpellés pour nous offrir des pastèques, du melon, du pain, on nous a même donné un bol de soupe, sans compter tous les automobilistes qui se sont arrêtés sur le bord de la route pour nous proposer pastèque, et melon, à chaque fois nous en profitions pour les manger en leur compagnie, ne pouvant les transporter sur nos vélos déjà bien chargés en eau et nourriture.


Ce couple généreux nous a gentiment donné une pastèque et un melon que nous avons mangé sur place, au moment de repartir ils nous tendent encore un gros melon.  


Dès leur plus jeune âge, les enfants haut comme trois pommes grimpent sur le dos les ânes avec agilité. 


Peu avant Qarshi, alors que nous nous installons pour bivouaquer, Merkomel s'arrête et nous fait comprendre de le suivre chez lui non loin d'ici. Nous avons vécu des moments exceptionnels avec cette famille, et ce malgré le barrage de la langue. Merkomel, Troyia sa femme, leurs deux enfants et la maman, vivent dans une grande simplicité, pas d'électricité ni d'eau, mais un puits dans le jardin, un groupe électrogène alimente de temps à autre le besoin en courant, le soir venu, c'est avec une batterie de voiture qu'ils s'éclairent. Ils ont des poules des dindes, quelques bétails, moutons et vaches et un potager.


Qarshi


La réservoir d'eau de Qarshi

Traditionnelle coiffe Ouzbek


Alors que nous sommes arrêtés à l'ombre, une femme nous invite à venir chez elle, comme d'habitude, on nous offre le thé et à manger, bien évidement, le soir venu, il n'est pas question de repartir, nous dormons sur place.


Otabek et son papa Goulzoda, sont tous deux boulangers. Goulzoda a un frère professeur de Français qui n'hésite pas à venir nous rencontrer. Le lendemain, nous sommes invités chez lui et sa famille.


Au centre, Alsimov, le frère de Goulzoda et toute sa famille. Encore une journée mémorable.

Après Qarshi, il était initialement prévu d'aller visiter la ville de Samarqand, mais sollicités par toutes ces invitations, nous faisons l'impasse et profitons pour partager notre temps avec ces familles qui nous interpellent et pour nous offrir l'hospitalité. Chez certains, nous restons même une journée de plus tellement ils sont heureux de notre présence. Nous rencontrons une population souriante, heureuse de vivre avec très peu de moyen, en toute simplicité. Alors que la loi Ouzbek est draconienne, les touristes doivent obligatoirement aller à l'hôtel par intermittence de trois jours pour y être enregistrés, nous bravons les interdits et privilégions les rencontres avec toutes ces familles qui nous invitent. Ainsi, nous découvrons leur façon de vivre, leur quotidien, leur coutume et tradition. Parents, enfants, petits enfants, sœurs, belles sœurs et beaux frères, tous cohabitent dans le même lieu, le tout dans une parfaite harmonie, le patriarche gérant tout ce petit monde. La principale raison de ces regroupements sont des raisons financières, chacun participant aux divers taches collectives, particulièrement les femmes. 
Nous avons constaté que certains Ouzbeks sont très curieux, et nous questionnaient sur nos moyens financiers.









Après Qarshi, nous allons à l'extrême sud est du pays, cette région nous change de notre quotidien, il y a de la montagne, même si c'est assez désertique, les paysages changent. Par après, nous passons par une plaine fertile, en direction de la frontière. 


Pause tchay (thé)


Ici nous avons droit à une rose.

C'est ici que nous avons dormi.

Encore une invitation inattendue chez cette famille, Kolia, sa femme Rhana et leurs petits enfants se mettent en quatre pour nous faire plaisir.



Nous dormons dans l'enceinte d'une mosquée, le lendemain matin, avant notre départ, cet imam prie pour nous, afin de demander à dieu protection pour la suite de notre voyage.

Beaucoup d'Ouzbek se déplacent à vélo, certains allant jusqu'à faire la course avec nous, ce fût souvent drôle.


Cuisson du pain dans ce four traditionnel, la pâte étant collée contre la paroi du four surchauffé au préalable.


Un orage éclate, nous allons nous abriter, pas pour bien longtemps, car Normonjon (à gauche) nous invite chez lui. Son petit fils, Abdulaziz (t-shirt bleu) maîtrise parfaitement l'anglais ce qui facilite l'échange. En rouge, son fils, Mahmud est médecin ORL. Que de bons moments. 
Nous n'oublierons pas toutes ces rencontres, une population accueillante, douce, généreuse qui égale ce que nous avons vécu en Turquie.
  
Le coton est en fleur.

Tracteur Ouzbek

Pas trop de choix, le parc automobile est uniquement constitué de deux marques de voiture, l'une Coréenne, dont l'usine a fait faillite, rachetée par le gouvernement puis revendue au géant Américain Général Motors, qui lui fabrique à présent dans le pays des Chevrolets, ainsi que la célèbre marque Russe Lada. Autre constatation, pratiquement toutes les voitures roulent au gaz, le pays étant un gros producteur de ce combustible. 


6 juillet, notre dernier jour en Ouzbékistan, mais c'est également Laïd El Kébir, la fin du ramadan. Alors que nous sommes arrêtés à l'ombre, profitant à proximité d'eau, nous faisons une lessive et lavons nos affaires poussiéreuses suite à la traversée du désert. Un homme en voiture s'arrête il est en uniforme, nous demande notre nationalité puis se met à prier pour nous. Dans un premier temps surpris, même si je ne crois pas, nous restons profondément ému par ce geste. 
Cela reste malgré tout un drôle de pays. Lors de sa traversée, beaucoup de check point avec contrôle d'identité, inscription dans un grand cahier à plusieurs reprises. Parfois on nous faisait signe de passer sans s'arrêter, allez comprendre quelque chose.

Nous passons notre dernière nuit en Ouzbékistan à 2 kilomètres de la douane, chez Saïd.

Nous ne pouvons conclure sans vous raconter cette mésaventure à la douane Ouzbek. Si les rapports avec la population furent des moments fort et d'une grande fraternité, il n'en est pas de même avec les autorités lors de la sortie du pays. Nous nous pointons à la douane, il est 8 heures du matin, les grilles sont fermées, nous sommes les deux seuls à passer par une petite porte. Un homme en uniforme nous reçoit, ne parle pratiquement pas anglais et au premier abord, nous parait sympathique. Il nous questionne sur notre itinéraire, nous lui expliquons, il rétorque en disant: vous tournez en rond, tant bien que mal on lui énumère chaque pays traversé, mais celui-ci reste entêté. Nous pensons, il ferait bien de revoir sa géographie. Bref, on insiste pas, il semble borné! Les bagages sont tous passés au scanner. Hé mister, problème métal! Bien sûr mon con, nous avons en métal les outils, la popote, les pièces de rechanges pour les vélos, le cadenas etc... Il ne veut rien entendre, faut vider toutes nos sacoches. il fouille même la boite à savon et va jusqu'à ouvrir la boite qui contient le café, au cas ou on aurait caché une bombe à l'intérieur. Rien de suspect, nous pouvons remballer nos affaires, mais il n'en reste pas là et réclame les appareils photos. Ce con, démarre le visionnage à l'envers et voit les photos de la Grèce et Turquie. Il me questionne à chaque photo, c'est où, c'est qui, c'est quoi? Cela commence à me chauffer sérieusement et lui fait part de mon mécontentement en lui disant tant bien que mal qu'il s'agit de notre vie privée. Le ton monte, deux autres guignols en uniforme arrivent et essayent de m'intimider en me criant dessus: contrôle!  Là, je me fâche sérieusement et sort de mes gongs. Surpris, il me restitue l'appareil photo en s'excusant. Pour ne pas perdre la face, j'ai droit à une fouille au corps, en short et t-shirt il est facile de dissimuler une kalashnikov. Après toutes ces péripéties, un tampon de sortie sur les passeports, nous en avons fini avec tous ces contrôles et ces pratiques draconiennes de ce pays.