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30 septembre 2015

L'adorable Séviba

Avant notre départ ce matin, le docteur viendra nous souhaiter bon voyage, celui-ci nous avait dit auparavant que nous pouvions rester ici aussi longtemps qu'on le désirait, mais nous avons la bougeotte et continuons notre route malgré le mauvais temps qui persiste depuis quelques jours déjà. Par pudeur pas de photo de notre hôte.  
Pas un coup de pédale à donner jusqu'à Travnik, c'est la descente du col que nous avions gravit hier soir. Quelle désolation lorsque nous traversons cette ville, la plus grande de la région. Les maisons et les immeubles sont encore criblées des trous de projectiles. On aperçoit des trous béants dans certaines façades qui ont été bouchées dans l'urgence et qui plus de vingt ans après sont toujours restés dans cet état, que c'est triste de voir encore de nos jours un spectacle si désolant. Egalement des habitations entre des immeubles écroulés. D'ailleurs depuis que nous avons quitté la région République Serbe de Bosnie et que nous sommes revenus dans la région à majorité musulmane, nous pouvons voir tout au long de notre route d'innombrables cimetières musulmans. Aussi beaucoup de chiens errants sur notre parcours, certains nous courrent après lors de notre passage, cela nous fait rappeler des scènes vécues en Roumanie. Un autre constat également, celui-ci prête plus à sourire, dans les restaurants sur le bord des routes, ils cuisinent selon leur religion soit des moutons ou des cochons en broche, on choisit sa viande selon ses croyances.

Ici un cochon.

Après une journée encore froide et humide, après 80 kilomètres, Séviba nous ouvre grande sa maison pour nous accueillir.


Elle a 65 ans et vit dans une grande simplicité, seule à élever ses deux vaches et ses poules. On peut lire sur son visage, la joie avec laquelle elle nous offre le meilleur de tout ce qu'elle a. Elle fait tout elle même, fromage, crème, pain, gâteaux, conserves et légumes de son potager, thé qu'elle laisse sécher, ainsi que de la viande de mouton conservée dans de la graisse, un vrai délice. Elle arrive à nous expliquer malgré la barrière de la langue qu'elle a mis de longs mois à économiser avec la vente de ses produits avant de pouvoir se payer une paire de lunette, au mois d'avril dernier. Cela nous émeut.
Quelle rencontre riche en émotion, nous partageons le quotidien de cette dame,  au petit soin, dans les moindres détails pour nous faire plaisir, encore une belle leçon de vie pour nous qui ne manquons de rien et qui vivons dans l'opulence. 




Le fromage est en train de cuire sur la cuisinière à bois, les autres pots sont à coté. 



29 septembre 2015

Généreux docteur

Nous quittons l'auberge de jeunesse et Caio, notre ami cyclo Brésilien, dans le milieu de la matinée. Caio voyage avec un chargement original. Venu en Europe en avion, il s'est acheté un vélo d'occasion à Zurich en Suisse puis s'est fabriqué ses sacoches avec deux bidons de récupération en plastique qu'il a embellit; depuis, il parcourt une bonne partie de l'Europe avec sa monture.


Caio et son chargement de fortune.

Encore un début d'étape sous la pluie et la grisaille, il fait froid, et la montagne qui entoure Jajce est recouverte par les nuages. Changement d'itinéraire de dernière minute, pas question de prendre la piste que nous souhaitions initialement emprunter avec ce mauvais temps, nous passons donc par la route principale E16 qui relie les deux principales villes du pays, de Banja Luka à Sarajevo la capitale de la Bosnie, où nous irons prochainement. Cette route passe par la belle vallée de Vrbas, paysage magnifique mais gâché par la grisaille. Nous filons tête dans le guidon.



Ruchers originaux.


Vers la fin de l'après midi nous franchissons le col de Komar, pas très difficile mais dans de mauvaises conditions météo.


Nous transpirons dans la montée, il faut à présent se couvrir pour basculer après le col. Dans la descente, au premier village, nous nous arrêtons et demandons un endroit pour dormir au sec. Goles est un hameau avec quelques maisons éparpillées. Personne n'a de la place, mais les habitants s'efforcent de nous trouver une solution. Ils nous expliquent d'aller voir une personne sur un chantier en construction. Deux jeunes filles d'une vingtaine d'année nous accompagnent ainsi que tout un cortège d'enfants à vélo.
Ils nous présentent  à un monsieur, et lui explique notre situation, dans leur langue maternelle. Ce monsieur influant dans ce village a une belle prestance, c'est le docteur d'une ville voisine, et il parle parfaitement l'Allemand. Il possède plusieurs maisons à Goles et n'hésite pas à nous installer dans l'une d'elles, certainement une résidence secondaire.
Le temps de s'installer, arrive sa fille dont nous avons oublié son prénom. Nous faisons connaissance, elle nous allume le feu dans la cuisinière, nous prépare le couchage et souhaite nous acheter à manger, ce que nous refusons. Etant également propriétaire d'une ferme voisine, elle nous apporte du lait frais ainsi que du fromage. Nous passons une agréable soirée, au chaud dans cette maison.


28 septembre 2015

Des rencontres

Vu le temps exécrable d'hier matin à notre réveil, une grosse pluie battante qui n'a cessé depuis notre arrivée ici, nous décidâmes de rester la journée au chaud et à l'abri dans notre chambre d'hôtel.
Nous ne repartons donc que ce matin après une journée de repos bien méritée. Le ciel est encore bien chargé, mais il ne pleut pas lorsque nous enfourchons Frisette et Passpartou. Dès la sortie de Baraci, nous nous dirigeons vers Sipovo. A peine quelque kilomètres de parcourus, il nous faut enfiler nos capes car une pluie fine vient par intermittence troubler cette matinée.
Arrivés à Sipovo, à la sortie d'une boulangerie, nous sommes interpellés par un homme qui souhaite nous inviter à boire un café. Nous le suivons, Drazen parle parfaitement l'anglais, il est professeur et connaît bien l'histoire de France entre autre, il a un peu voyagé en France et dans quelques pays d'Europe. 

En compagnie de Drazen.

Grâce à lui, nous en savons un peu plus sur la douloureuse histoire de ce pays, les conflits qui opposèrent principalement les deux ethnies, serbes et musulmans; d'ailleurs bon nombre de Serbes vivants dans le pays et avec qui nous avons discuté n'admettent ni ne veulent reconnaître la Bosnie comme telle, l'on ressent les tensions qui règnent encore entre eux qui pourtant s'expriment dans la même langue, mais nous avons toujours autant de mal à comprendre pourquoi toutes ces rancœurs qui sont perceptibles encore maintenant alors que la guerre est finie depuis plus de vingt ans. 
Notre arrivée dans ce bar ne passe pas inaperçu, quelques clients viennent spontanément parler avec nous et nous offre également un café, il ne nous est même pas possible, à notre tour de payer une tournée car ils refusent que l'on paye quoi que ce soi. Avant hier, alors que nous faisions nos courses dans un supermarché, un inconnu venu nous saluer nous a spontanément payé deux pivos (bières). Un constat, depuis que nous sommes dans ce pays, régulièrement l'on nous klaxonne et l'on nous salue lors de notre passage, c'est une population avenante et généreuse, et l'on prend beaucoup de plaisir à découvrir ce beau pays montagneux.
Après Sipovo, nous continuons notre route jusqu'à Jajce par la vallée de Pliva, une bien belle région.


Le lac Plivska.




La vallée de Pliva.


 Pliva.

Ayant passé beaucoup de temps à discuter avec Drazen, nous arrêtons notre journée en ayant parcouru peu de kilomètres, à la ville de Pliva. Nous descendons dans une auberge de jeunesse car il s'est remis à pleuvoir. Sur place, nous retrouvons Caio, un cyclo Brésilien rencontré quelques jours auparavant dans le parc Una. Nous dinons avec lui puis passons une sympathique soirée à discuter, ce qui permet d'améliorer notre anglais défaillant. Nous partageons également une chambre commune. C'est pour Nicole et moi une première expérience en auberge de jeunesse.

 Dans la cuisine de l'auberge en compagnie de Caio.

26 septembre 2015

Journée galère

Lorsque nous ouvrons la porte du garage, tout est gris, presque blanc comme le brouillard, et humide; nous sommes dans les nuages et il tombe un crachin, obligés d'enfiler notre cape pour reprendre notre route ce matin. Celle-ci continue encore à monter un peu sur 2 kilomètres puis plus de macadam, la route s'arrête pour laisser place à une piste qui nous amène sur un plateau qui oscille entre 1000 et 1200 mètres d'altitude. Par moment il pleut puis après le passage d'un nuage plus rien, nous enlevons et remettons la cape sans cesse.



L'endroit est beau, désertique, seul quelques maisons regroupées dans des hameaux dispersés et de temps à autre une voiture de passage.




Soudain, Nicole me dit qu'elle éprouve des difficultés à avancer, pas étonnant, je constate que Frisette est victime d'une crevaison de la roue arrière, nous sommes obligés de faire une pause forcée dans cet endroit isolé pour réparer. 
Après trente cinq kilomètres de cette piste sur ce plateau, nous descendons et perdons de l'altitude jusqu'à une route asphaltée. La M15 où nous évoluons à présent remonte dans la montagne, nous passons un col situé à 1276 mètres d'altitude dans des conditions exécrables: vent, pluie, brouillard, on ne voit pas 10 mètres devant soi, nous allumons nos lumières pour plus de sécurité, cette route étant fréquentée par quelques voitures. Après ce col, nous entrons en République Serbe de Bosnie, une des trois régions qui divise ce pays, ce qui est assez compliqué à comprendre, ici plus de mosquée car ils sont orthodoxes ou catholiques. Nous basculons en haut de ce col en sueur, il faut nous habiller chaudement pour faire la descente sous la pluie vers Baraci, ville où nous nous arrêtons après une dure journée.   
Depuis que nous avons quitté Drvar nous n'avons trouvé aucune épicerie sur notre route pour nous ravitailler, il faudra attendre Baraci distant de plus de 90 kilomètres avant de pouvoir le faire, nous sommes prévenus, mieux vaut faire des réserves de nourriture à l'avenir, mais le souci, c'est que l'on n'y trouve pas grand chose dans ces petits magasins. 
A Baraci, il y a un hôtel, nous descendons demander une chambre pour la nuit, pour l'équivalent de 15 euros l'on ne va pas s'en priver surtout après cette journée pas facile.
Dans une salle attenante, attablé, un groupe d'hommes nous invite pour partager la fête avec eux, de bons vivants, ils chantent à tue tête, de joyeux lurons. Sans s'en rendre compte, Renaud abuse un peu trop du raki que l'on lui sert dès que son verre est vide, il termine la soirée bien mal en point car pas habitué à boire de l'alcool.




La fête bat son plein! 

25 septembre 2015

La montagne

Il a pratiquement plu toute la nuit, mais à notre réveil la pluie avait cessé. Nous démarrons donc cette journée au sec contrairement à hier matin. Quelques kilomètres après notre départ, nous quittons le parc national Una et empruntons une route qui monte dans la montagne, nous croisons de toute la matinée quatre voitures, autant dire pas de circulation sur cette route.

L'abri où nous avons passé la nuit, au bord de la Una.


Nous quittons notre petite route qui surplombe une vallée pour croiser un axe plus important qui lui descend à Drvar. Cette ville située en bas dans la vallée est sinistre et triste, beaucoup de bâtiments mal entretenus, d'autres délabrés, des immeubles gris, des anciennes cheminées et des usines désaffectées, vraiment rien de beau à voir.

Drvar, au fond dans la vallée.

On se demande quel avenir peuvent avoir ces jeunes ici, avec qui nous discutons. Ville perdue au milieu des montagnes, aucune industrie autour, pas d'agriculture, seul une grande scierie, d'ailleurs Drvar signifie bois en Bosniaque.


Après déjeuner, nous quittons Drvar par une petite route qui va nous emmener à nouveau la haut dans la montagne. Sur cette petite route sinueuse, pas de signalisation, à chaque intersection de route il faut deviner la direction, la carte achetée à l'entrée du pays n'est pas très précise car beaucoup de petites routes n'y figurent pas. Sur notre passage, beaucoup de maisons à l’abandon, toujours autant d'autres détruites, des panneaux signalant des mines et quelques fermes isolées.
Nous profitons d'un petit rayon de soleil pour aérer notre couchage et faire sécher les capes et les sur-chaussures encore mouillées de la veille à proximité d'une ferme. A notre vue, un vieille dame s'approche du grillage et vient parler avec nous, malheureusement sans pouvoir se comprendre, elle sourit puis part et revient avec un sceau nous apporter des tomates de son jardin.


Notre route continue de monter, étant à court d'eau, nous nous arrêtons dans une ferme pour nous ravitailler, l'eau sera directement puisée depuis un puits avec un sceau, seul point d'eau de la maison. 
Les quelques fermes que nous rencontrons sur cette route sont toutes isolées, on se demande comment peuvent vivre ces gens, loin de tout ravitaillement et surtout comment font-ils en hiver lorsque cette région montagneuse est recouverte de neige.
Nous avons déjà beaucoup grimpé aujourd'hui, la route continue de monter, nous sommes déjà à 1000 mètres d'altitude, le temps passe, il est l'heure de penser à trouver un endroit pour passer la nuit au sec et au chaud car le ciel est menaçant. A la prochaine ferme, nous demandons un abri pour pouvoir passer la nuit. Ce couple de berger avec qui nous ne pouvons échanger aucun mot, vit avec un de leur enfant et deux petits enfants, il n'y a pas de place dans leur petite maison, mais nous propose le garage où est entreposé le tracteur, puis nous invite dans leur cuisine, bien au chaud à côté de la cuisinière à bois et nous offre un ''raki'', (eau de vie) et un café avant d'aller rejoindre notre lieu de couchage.



La ferme, et nos deux bergers.

24 septembre 2015

Journée détente à Martin Brod

Tard dans la matinée nous quittons Ivana et Baka sa grand-mère. Nous ne voulons pas rester à leur charge car cette famille est modeste et vit avec peu de moyens, et malgré leur insistance nous décidons de poursuivre notre route. Nous partons sous une pluie battante. Nous n'irons pas très loin aujourd'hui, jusqu'à Martin Brod, village situé 8 kilomètres plus loin. Là-bas, nous passons le reste de la journée dans un bar restaurant, à l'abri du mauvais temps. Nous profitons de la wifi pour communiquer avec nos enfants via Skype et mettons également notre blog à jour. Avant d'arriver au restaurant, à l'entrée du village qui se situe également dans le parc national Una, nous avions auparavant repéré un aire de pique-nique avec un grand abri en bois, endroit idéal pour un bivouac, que nous rejoignons dans la soirée. Pour se protéger du vent, nous mettons le tarp devant notre couchage.

Une rencontre inattendue, cette belle salamandre.


Notre bivouac.

23 septembre 2015

Un peuple chaleureux

Après le petit déjeuner pris au soleil, nous payons le droit d'accès au parc puis nous nous enfonçons dans la forêt par une piste. Quel plaisir, rouler une bonne partie de la matinée sans croiser une voiture.



Nous évoluons dans ce parc qui renferme une multitude d'animaux, des loups, des ours, des lynxs, des cerfs, des sangliers, des reptiles et autres oiseaux, malheureusement, nous n'en verrons aucun, ce parc est vaste et très montagneux. Il est traversé par une rivière qui lui a donné le nom au parc, la Una.

La Una, une eau d'une rare limpidité. 

Vers la fin de la matinée nous arrivons à Stracki Buk, une cascade de la Una, l'endroit est exceptionnel, c'est très joli, cerise sur le gâteau, il fait beau, nous sommes comblés.







Après s’être restaurés nous continuons notre piste jusqu'à Orasac où nous retrouvons la route asphaltée. Tout au long de cette route nous ne pouvons que constater les dégâts causés par la guerre, beaucoup de maison détruites, cela nous a beaucoup ému. Volontairement, nous ne voulons pas faire de voyeurisme et ne mettons aucune photo relatant cette triste période de l'histoire de ce pays.


A Kulen Vakuf, village situé dans le parc, nous achetons un demi litre d'essence pour notre réchaud. A la station, un client nous interpelle en Français, suivez-moi, je vous invite à boire un verre à la maison. Sa femme et lui ont vécu quelques temps au Luxembourg et parlent assez bien notre langue. Ils nous offrent de la bière, de l'eau de vie, du café et nous font goûter des spécialités que les femmes préparent pour la grande fête de demain, la ''Bayrham''. Nous parlons de nos familles, de notre voyage, de la Bosnie en générale puis je leur parle de la guerre, de toutes ces maisons détruites. Nous constatons que la blessure est encore vive, on le ressent dans leurs récits, les souffrances endurées, la douleur est encore présente, la communauté internationale n'a pas bougé pour leur venir en aide durant ces cinq années de cauchemars, obligés de se réfugier dans la montagne pour fuir les Serbes; nous mettons rapidement un terme à ce sujet épineux. Les sourires reviennent sur les visages, nous repartons de chez eux avec un pot de miel, une bouteille d'eau de vie ainsi qu'un grand sac de pommes et de poires. Nous découvrons une population chaleureuse, accueillante et généreuse.



Un peu plus loin, nous apercevons une maison avec une grange, nous nous arrêtons et demandons s'il était possible d'y dormir dedans. Ivana qui vit avec sa grand-mère et son oncle Rajko nous offre non seulement une chambre mais également le repas du soir. Malgré le fait que nous ne comprenons pas leur langue, nous arrivons quand même à communiquer un peu et surtout avoir de bons moments de rigolade et de partage. Quelle belle soirée que nous passons dans cette humble famille. Ils vivent dans la simplicité et nous avons pu vivre avec eux des moments intenses de générosité.


Nicole entourée d'Ivana et de sa grand mère Baka.